Recueil Requiem pour les Morts de l'Europe
REQUIEM POUR LES MORTS DE L'EUROPE ( Fragments )
1917 ( à Romain Rolland )
Récitatif
Je veux plaindre les hommes qui ont dû quitter leur temps
Plaindre les femmes dont le cœur qui chantait maintenant crie
Je veux rassembler toutes les craintes et les redire
Quand les veuves sous la lampe qui gronde se frappent le corsage
qui les oppresse
J'entends les enfants à la voix blonde s'enquérir, avant d'aller dormir,
de Dieu le père
Sur toutes les cheminées je vois les photographies entourées de lierre,
souriant fidèlement au passé
De toutes les fenêtres s'échappe les regards brûlants des
jeunes filles abandonnées fixant les lointains
Dans tous les jardins, on soigne les asters comme s'il fallait
préparer une tombe
Sur toutes les routes, les voitures vont plus lentement
comme si elles suivaient un cortège funèbre
Dans toutes les villes le son des cloches est plus grave car il
y a toujours maintenant quelqu'un qu'une balle abat
Dans tous les coeurs est une plainte
Je l'entends grandir tous les jours [i]
I [ii]
La Mort, le carnaval de la mort ! Masques noirs qui sautaient ; âmes, qui formaient des nuages rougeâtres au dessus du charnier.
Au-delà d'une forêt ivre d'obus : les courbes immenses des hommes ! Les étoiles dansaient farouches parmi les combattants !
Voici le buisson des baïonnettes ; la barbe dorée d'un homme y fleurit ; un homme, comme il ressemble à mon père ! Homme de la terre, viens-tu pour me tuer ? Mais non, sans farce : à bas le masque ! Embrasse-moi donc !
Mais des yeux flambent et incendient le soir de cuivre ! Un apache : est-ce sa baïonnette, est-ce sa bouche aux dents aiguës qui brillent ? Son bras qui me happe est gelé dans la mort : (hélas ! Il happera toujours, il happera dans tous mes cauchemars !)
L'étoile d'une médaille brille sur un torse râlant. Une bague cingle un doigt crispé et l'éclaire. Combien de vies prodigue-t-on en ce jour ? Les tombes s'ouvrent machinalement.
Ah, mon frère : tu embrasses la terre si lourdement ! Mon bon camarade, tu as de l'or et du sang autour du front : donne-moi la main !
Oh pourquoi, grand prince de la vie, pourquoi es-tu muet ? Tu trébuches ? Tu te penches si bas ?
Çà, c'était une mitrailleuse ! Et il s'agenouille, bête comme un pantin, dans l'herbe qui hésite et qui frissonne !
Mon pauvre ami !
Récitatif
La bataille aux cent têtes, la bataille aux mille noms, la bataille qui dure des jours, des mois, des années, toujours la même bataille tournait, l'haleine fiévreuse, dans le cirque européen.
Buffle aux bosses de feu, elle se vautrait dans le blé des plaines. Forêts dans les cornes, pavots dans le poil hirsute, boue, nuages et mort dans son grand œil étonné.
Les généraux-toréadors brandissaient des divisions rouges.
Des escadrons multicolores harcelaient ses drapeaux voltigeants
Chatouillés chaque jour par les patrouilles.
Dans les fleuves, elle semblait se noyer.
Se ficher en terre sous les fjords.
S'asphyxier dans les marécages.
La bataille gagna en titubant la haute montagne.
Les mortiers éructèrent.
Des glaciers se fendirent.
Des gorges s'ouvrirent à leur hurlement.
Les sommets, aiguilles de verre, volèrent en éclats.
Par-dessus le col de minuit, elle franchit le porche du sud.,
Roula vers la vallée dans les bois de myrtes et les vignes.
Du cœur des fuyards elle pressait un vin pétillant et âcre. mousseux fermenté* trad.Claire Goll
Elle flairait la chair rose.
Son sabot dur brilla jusqu'au rivage où l'océan l'attirait.
Une citadelle fumante émergea.
Dreadnoughts et croiseurs se balancèrent, une caravane de chevaux de Troie à bascule.
Imprévus,(Inattendus)* des serpents-torpilles fusèrent à travers les vagues.
Des navires gémirent soudain et sombrèrent comme des éclairs dans la forêt des coraux .
A chaque heure mouraient mille hommes de plus .
Partout un jeune soldat ensevelissait ses blessures dans la terre, comme s'il avait honte de mourir d'une mort si laide.
Partout un jeune matelot, un cri rouge dans la bouche, baisait le monde agonisant* et s'enfonçait avec lui dans la mort.
Chaque heure éteignait le soleil mille fois et se refroidissait dans les coeurs noirs..
Cependant, bien* loin, au pays, les soeurs et les fiancées tressaillaient dans leur sommeil et entendaient le corbeau de la mort rôder à leur chevet. [iii]
Récitatif
Comme un mur gris autour de l'Europe
Courait la longue bataille .
La bataille éternelle, la bataille pourrie, la bataille préliminaire,
Qui n'était jamais la dernière.
O Monotonie du combat des tranchées! O.tranchées-sépulcres ! O Sommeil de la faim !
Au dehors les ponts faits de cadavres!
Au dedans les rues pavées de cadavres!
Les fossés des murs cimentés de cadavres!
Pendant des mois l'horizon regarda, vitreux et mystérieux comme l'œil d'un mort .
Pendant des années, les lointains sonnèrent un seul glas.
Les jours se ressemblaient comme des ossuaires.
O. vous les héros !
Vous qui veniez des villes électriques, grouillantes dans la nuit mouillée, grouillantes
dans le froid dur.
La sentinelle échangeait douze nuits de sommeil contre une cigarette;
Des régiments entiers jouaient l'éternité contre dix mètres de désert.
Des jurons gras crachés dans les immondices. Des caveaux moisis garnis des trophées en fer blanc pris à l'ennemi.
Aucun de vous ne voyait-il le regard de Jésus de l'adversaire ?
Aucun de vous ne remarquait-il, avant de lui planter la baïonnette dans les reins, que l'homme de là-bas portait un cœur royal et plein d'amour?
Aucun de vous ne croyait-il plus à sa conscience et à la conscience de la terre ?
O frères, mes semblables ! [iv] O vous les héros !
CHOEUR DES PRISONNIERS [v]
Nous ne sommes pas seulement captifs derrière des barbelés,
Nous sommes aussi recouverts par la nuit de l'esprit.
Nous, jadis ceints de lumière, et aujourd'hui oubliés,
Devenus un spectacle glorieux pour les assoiffés de sang !
Jadis nous étions au nombre des audacieux.
A présent nous gémissons sous le joug de la haine héréditaire.
Jadis nous nous moquions des vaniteux cupides
Et maintenant nous sommes avilis jusqu'à la même cupidité
Nous étions des juges, et jugeant, nous détruisions,
Mais aujourd'hui nous sommes sans vouloir, nous renonçons.
Dans des baraques de bois nous sommes accroupis, enterrés,
Et les morts au-dessus de nous sont sublimes. (plus heureux).
RECITATIF [vi]
La Guerre repue mordait jusqu'à la moelle des pays ;
La Guerre jetait son ombre géante sur les ports éclairés d'hommes, sur les fabriques et les usines tremblant d'intense lumière ;
La Guerre labourait les jeunes champs et abattait les vieilles forêts.
La Guerre était l'invisible partout ; son pouls frappant les fibres des hommes, sonnant avec les cloches des villages, tonnant la nuit pendant l'orage.
La Guerre, c'était la date journalière du calendrier. C'était le chiffre du siècle. C'était la plainte des pauvres ; la rage des faibles. C'était la faim. C'était la mort.
La saignée de l'Europe : le choléra dans les sombres ruelles des villes ; la haine hurlante des esprits.
C'était la guerre : et le soleil restait figé au ciel comme un rubis, un oeil rond qui saigne.
Coteaux rouges du printemps. Neige rouge de l'hiver.
Sang qui jaillissait des montagnes vers les fleuves, vers les lacs.
Fusées de sang : les chaussées et les boulevards.
Drapeaux gonflés de sang sur les places, sur les casernes, devant les bars.
Les journaux étaient imprimés avec du sang.
Les téléphones redondaient du tumulte du sang.
C'est le coeur de l'Europe qui coulait.
C'est la Mer Rouge qui dansait.
RECITATIF [vii]
Vous tous, naguère le boulevard, la salle des fêtes, la foule, la mer qui me portait comme son onde !
Européens, visage de lait et de sang ! Chacun le fils d’une splendide mère ! O vous, symboles de choses éternelles : amour dans l’oeil limpide, bonté souriante sur vos lèvres, et la sagesse de votre front penseur !
Créatures de la Grande Bonté : comme un faisceau de rayons de soleil autour de moi (est-il quelque chose de plus pur que du soleil ?)
Et vous! Peuples des îles vertes de l’océan, des caps pointus, de golfes au nom sonore, de ports largement ouverts où la mer étreint la terre ! Zouaves, Nègres grimaçants, Indiens rêveurs !
Vous tous, nourris de Soleil et de Terre ! Vous tous, enfantés dans un amour surhumain !
Je ne crois pas à votre haine ! Je ne crois pas à votre guerre !
Vous, les peuples de Dieu ! Et vous, prédicateurs, maîtres d’école, juges et moralistes! Inventeurs des Enfers, des Prisons, des Guillotines !
Vous, citoyens, soumis à la loi effritée et pourtant fiers de cette liberté, que vous n’échangiez que contre la mort.
Vous si confiants dans votre propre droit et dans celui du voisin ! Qui érigiez les polycliniques, les asiles de nuit et les théâtres du peuple. Qui construisiez chacun sa maison à l’alignement. Qui ôtiez le chapeau devant quiconque vous saluait !
Vous, qui saviez la valeur de toute chose. Sacrifiant la moitié d’une vie pour découvrir une étoile lointaine. Suicidés — o les plus pudiques — ne pouvant survivre au reproche d’un être aimé. Hommes subtils !
Non, vous ne pouviez tuer ! Vous ne pouviez assassiner ! Je ne crois pas à votre haine ! Je ne crois pas à votre guerre !
Vous alliez à la mort en chantant, sans voir parmi vous les lépreux, ceux qui spéculent et ceux qui volent.
Et vos passions de primitifs : le nain vert Alcool, le bacille rouge Luxure, la luciole vénéneuse Or.
Esclaves des chiffres, esclaves de l'écriture, imitateurs de la vieille histoire universelle, car votre histoire universelle était une histoire de guerres et de rois. Mais qui de vous savait l'autre histoire, faite d'esprit et de travail secret, faite de pitié et de beauté ?
Ce n'est pas vous qui avez tué, mais les aïeux qui hantaient votre sang, furies originelles.
Votre dernière Tentation fut cette guerre : votre Jugement de Dieu.
Bientôt au Jugement de Dieu vous préférerez le vôtre.
Vous serez des hommes libres . Connaîtrez avec le cœur, voudrez de tout votre esprit
Exigerez pour tous les hommes droit à la vie, pour tous les peuples.
Vous trouverez, vous récolterez un amour sans limite.
même RECITATIF (traduction trouvée dans les papiers de Claire Goll
O vous tous mes frères ! Tommies! Poilus! Bavarrois! Moujiks! Bersaglieri ! Honveds! vous tous qui étiez du boulevard, de la salle des fêtes, du mob. Vous qu'une mer jubilante enserrait de ses vagues !
Vous, Européens! Visages de lait et de sang ! Nés chacun d’une mère superbe ! Vous tous en qui je voyais le symbole des choses éternelles :de l'amour, dans les yeux brillants de la bonté dans la bouche souriante; de la connaissance dans votre front pensif !
Créatures de la Grande Bonté : qui m'entouriez roses comme des débris de soleil ! ( et quel bien est plus noble que le soleil ?)
Et vous aussi ! mes peuples des îles vertes et multicolores, des caps pointus, des golfes au nom somptueux, des ports larges, ouverts, où la mer se marie à la terre ! O zouaves, nègres ricanants, Indiens rêveurs !
Vous tous, nourris de Terre et de Soleil !
Vous tous, engendrés par un amour supra-terrestre !
Je ne crois pas à votre haine ! Je ne crois pas à votre guerre !
Vous, les peuples de Dieu ! Cathédrales pieuses dans les mains jointes, coupoles dorées des mosquées au-dessus des épaules, synagogues de pierre gravées dans les fronts, talismans de verroterie pressés contre les cœurs!
O prédicateurs et maîtres d’école, juges et moralistes ! qui avez inventé les enfers, les prisons et les guillotines !
Et vous les, bourgeois soumis à une loi vermoulue mais si fiers de la liberté chantante, que, sur un signe, vous mouriez pour elle!.
Vous tellement pénétrés de votre droit et de celui du prochain ! fondateurs d'hôpitaux
d'asiles de nuit et de théâtres populaires !.qui avez aligné soigneusement vos maisons,. qui tiriez votre chapeau devant quiconque vous faisait signe!
O vous, conscients de la valeur de chaque atome! Qui cependant donniez la moitié de votre vie cossue pour découvrir une étoile lointaine.
Suicidés, scrupuleux ! qui ne supportiez pas le reproche d’une femme aimée ! vous les subtils, les hommes de l'âme !
Vous ne pouviez pas tuer ! Vous ne pouviez pas assassiner ! Je ne crois pas à votre haine ! Je ne crois pas à votre guerre !
Mais, ô romantiques sanglants, vous alliez à la mort pour un joli drapeau, pour un brave chant patriotique !
Vous les hommes de la Foire, vous étiez enivrés par la rhétorique de présidents sadiques, par le tintement de marionnettes sophistiquées, et par la pompe des princes héréditaires tarés!
Vous ne voyiez pas parmi vous les lépreux, les parasites, les boursicoteurs, les spéculateurs!
Vos passions étaient votre jouet, ô primitifs !
Dans vos yeux brillait le nain vert "Alcool", le rouge bacille "amour" et la luciole vénéneuse "or".
O esclaves des chiffres et de la statistique, esclaves du mot et de l'écriture, imitateurs vaniteux de la vieille histoire universelle : votre histoire universelle était une histoire de guerres et de rois. Mais qui de vous enseignait l'histoire universelle du travail , de la compassion, de la spiritualité et de la beauté sensorielle?
O mes semblables, ce n'est pas vous qui avez tué et assassiné : ce sont vos aïeux qui hantaient votre sang, les furies de votre pêché originel !
Votre dernière Tentation, ce fut cette guerre : votre Jugement de Dieu.
Mais bientôt vous préférerez votre.jugement au Jugement de Dieu
Vous deviendrez des penseurs libres! Vous connaîtrez avec votre esprit ! Vous prêcherez l'amour qui vient du cœur! Vous réclamerez le droit à la vie pour tous les peuples et pour tous les hommes !
Vous apprendrez l'amour universel et vous l'enseignerez! (traduction trouvée dans les papiers de Claire Goll
LA CHANSON DE VOYAGE DU CITOYEN DU MONDE [viii]
J'ai un ami ! Partout j'ai un ami
J'ai un ami partout dans le monde Partout au monde j'ai un ami
Partout des soeurs dansantes Partout des soeurs dansantes
Des frères au front poli Des frères au front lisse
Et chacun m'apostrophe Et chacun me hèle
D'un salut brûlant D'un appel brûlant
Du Groenland au Cap Horn Du Groenland au Cap Horn
J'ai une famille, J'ai une famille
Et ceci est son présage :
Sur une seule parole Sur une seule parole
Jaillit de sa bouche rouge Jaillit de ses lèvres
L'esprit pétillant L'esprit qui pétille
Comme la source divine Comme la source divine
Du rocher de Moïse. Du rocher de Moïse.
Mais si je prononce Si je prononce
Un mot d'amour Un mot d'amour
Un double ciel Un double ciel se creuse
Se bombe dans des yeux riant Dans des yeux qui me rient
Et m'éblouit
Berceau et cercueil, Berceau et cercueil
Des voisins étroits Voisins étroits
Sanctuaires de bois Je les laisse voguer
Sur l'océan, sans port Sur l'océan, sans port
Sans terre, sans ciel, Sans terre ni ciel
Je les laisse nager !
Et pourtant je sais: Pourtant je le sais
Aucune commune Qu'aucun village
Accorderait à l'errant Ne donnerait six pieds de terre
Pour sa tombe ! Pour tombe à l'errant !
Mais je lève voile avec les nuages pourpres
Partout il y a des hommes Mais je lève la voile
Qui m'attendent Avec les nuages pourpres
Une femme qui sanglote, Partout sont des hommes
Un chef qui a besoin de mon travail ,Et ils m'attendent
Un malade que je sauve - Tendre ou cruel
Je suis un homme Je suis un homme
Bon ou mauvais Tel qu'on le veut
Comme on le veut Et pourquoi donc
Tendre ou cruel
Pourquoi ne serais-je pas N'être pas frère
Des hommes du monde entier Du monde entier ?
Le frère bon ou mauvais ?
1917 Traduit par Claire Goll
[i] Europe n° 421 - mai 1964, Requiem pour les morts de l'Europe
Texte allemand dans Yvan Goll : Die Lyrik I/37 (Argon Verlag 1996)
[ii] Le Coeur de l'Ennemi, Poèmes actuels, traduits de l'allemand par Ivan Goll p.12
Edition de la Revue littéraire des Primaires, Les Humbles. Cahier n° 12 - Avril 1919.
Texte allemand dans Yvan Goll : Die Lyrik I/44 (Argon Verlag 1996)
[iii] Traduit par Claire Goll dans Yvan Goll : Oeuvres I, p.29/30
Texte allemand dans Yvan Goll : Die Lyrik I/47/48 (Argon Verlag 1996)
[iv] Traduit par Claire Goll dans Yvan Goll : Oeuvres I, p.31
Texte allemand dans Yvan Goll : Die Lyrik I/50/51 (Argon Verlag 1996)
[v] Traduit par Claire Goll dans Yvan Goll : Oeuvres I, p.32
Texte allemand dans Yvan Goll : Die Lyrik I/51 (Argon Verlag 1996)
[vi] Le Coeur de l'Ennemi, Poèmes actuels, traduits de l'allemand par Ivan Goll p.12/13
Edition de la Revue littéraire des Primaires, Les Humbles. Cahier n° 12 - Avril 1919.
Texte allemand dans Yvan Goll : Die Lyrik I/52/53 (Argon Verlag 1996)
[vii] Le Coeur de l'Ennemi, Poèmes actuels, traduits de l'allemand par Ivan Goll : Requiem p.13/14 Edition de la Revue littéraire des Primaires, Les Humbles. Cahier n° 12 - Avril 1919.
Traduit par Claire Goll dans Yvan Goll : Oeuvres I, p.33
Texte allemand dans Yvan Goll : Die Lyrik I/54/55/56 (Argon Verlag 1996)
[viii] Traduit par Claire Goll dans Yvan Goll : Oeuvres I, p.34/35