Recueil Les Géorgiques Parisiennes 1951
1951 Les Géorgiques Parisiennes
Je te chanterai dans les jardins de zinc
PARIS
Je te chanterai dans les jardins de zinc
Dans les allées de l'épouvante
Dans les cultures en plein vent
Où sont plantées les pipes des sorcières
Sous le vent salé de la mer
Je te chante ma ville imaginaire
Racines retournées totems livides
Les monuments de l'oubli perennial
Vieillesse : enfin viendront les vignerons
Et les enfants d'avant la damnation
Grappiller les ceps de sépultures
Et bouillir dans les pluies de l'angoisse
Le marc noir de la folie
O terrasses de rêve et d'algèbre
Où des kobolds jouent de la flûte rouillée
Au bal des chiffres sous la tente des vents
Se module la mort violette
Qui porte un nom de fleur
( Les Géorgiques Parisiennes p.9) IV/503
O Paris bucolique
Souterrain Bucolique
O Paris bucolique
Cité lacustre
Ne m'offrirais-tu qu'un mur
Un mur croupi dans tes salpêtrières
J'y soignerai les bouillons de culture
Les soleils souterrains d'une immaculée conception
Sels ! Levures ! Hydrates ! Cendres de ma jeunesse
Dans une forêt de noce sauvage
Dans un enfantement de feuilles
Naît le dragon de fer vif et de fleurs frisées
J'y cueille enfin le magnolia de magnésium
La lune flétrie depuis trop de mois
Au cœur des amants malfaisants
Et dans les caves du sommeil givré
Aux bougies de colchiques
Je fais surgir du sable et du néant
L'armée tondue des champignons
De vrais champignons de Paris
Les Géorgiques Parisiennes 1951 p.10 : IV/504
Ah je marche dans cet orage de sépales
ORAGE DE SEPALES
Ah je marche dans cet orage de sépales
Dans les traînes de mariées qu'on conduit à l'abattoir
La couronne de groseilles me sied paraît-il
O servitude mauve et rose
Sous le règne des étamines en nombre
Une vallée toute d'innocence
S'est installée dans un creux de Paris
Tout près de la Tour de Justice et de Misère
Au bord de l'eau carapacée
J'ai vu dans la montagne sévère
Immigrer l'hirondelle qui hiverne au fond des miroirs
Mais où l'inceste des jacinthes n'a pas de juge à pourpre
Sauf la rouille du lendemain
Le lent désir de l'homme prend forme de géranium
Un immeuble de trois cents coeurs
( Dont l'étoffe de laine sent fort l'honnêteté )
Nous le meublerons de folies d'églantiers
Toute chair est comme l'herbe
Ou le cerfeuil scabreux
Ou le fenouil aux effervescences du jeudi
Quand le pluvier frôlait les frisons en bordure
Qu'importe l'émotion des hommes
La justice tremblante lave ses tours
Dans l'eau rousse de la Seine
Un vent de mer passe sur la Cour d'Assises
(Les Géorgiques Parisiennes p.11) IV/504
Séducteurs de la Grève !
Juillet Rouge
Séducteurs de la Grève ! Cultivateurs de la Concorde
Tous ceux qui ont semé le blé de la liberté
Dans un sol irrigué par les eaux d'amour
Célébreront de fières moissons
Et même si les paupières sanglantes des pavés
Et les cocardes ne peuvent plus se fermer
L'épi du peuple
Gardera toujours sa valeur d'orage
Et des faubourgs descendront les vierges élues
Berçant des gerbes
Pour s'exercer dans leur métier de mères
Juillet tu as toujours repeint au minium
Les corolles bourdonnantes des panthéons
Le peuple réclame les bijoux de son héritage
Et porte ses blessés sur les Ponts où les décorera
La Rose au pouvoir
(Les Géorgiques Parisiennes p.12) IV/505
Un champ de pluie émane des bitumes
Un champ de pluie émane des bitumes ( 2 ème version ) IV/506
Les perce-pluies aux tendres tiges pendant des nuages
Eclatent et lancent leurs semences [de mer]
Une mandoline de pluie
Qu'on peigne dans les gouttières
Et les fruits de pluie qui s'entrouvrent
Les œufs de pluie pondus par des viviers aériens
Jardins ! Jardins de ma tristesse [mon ivresse]
Mon cœur fougère verse ses sporanges
Au pur [dur] métier de l'amitié
Ces [Les] trombones de pluie avalant le vent
Ces géants remontant de leurs morgues dégelées [Ici remontent les géants de leurs morgues dégelées]
Par les cheveux de pluie
Par les racines de pluie
M'attire la terre
Atteint du mal de pluie Dans ma cage de pluie
Je pleure je pleure Je Hurle Je Hurle
Fauve malade de lichens
Et quand donc viendras-tu dormir, petite pluie ? Et quand donc viendras-tu dormir petite pluie ?
Et quand donc voudras-tu sécher, petite larme ( 2 ème version ) IV/506
(Les Géorgiques Parisiennes p.13) IV/506
Paris plus pastorale que les grandes étendues
SAINT-EUSTACHE
Paris plus pastorale que les grandes étendues de phlox
Que les forêts mélangées de verts nocturnes et diurnes
Paris de mousse de fougère et de hêtres
Avec les ombres précoces de châtaigneraies
Et ces bouquets de brouillard rose
Paris comptoir des viandes et des fleurs
Ecartelé au carrefour Saint-Eustache
Entre la Bête et le Christ
La Maison rouge et la nef de nacre
Gibier sans Actéon Chapelle : meublé d'un Dieu
O champs de mou Agneau mystique
Rognons Glycines Oreille de la Grâce
Têtes de veaux fous Anges-pleureurs
Fraise de bœufs Ailes et nimbes d'or
Cris de Sioux Sacré Cœur
Des quatre saisons Adieux viatiques
Paris Jardin choisi par les colombes mauves
Où les chiens de la Saint-Médard vont boire au ruisseau du matin
Où les bouquets d'écrevisses
Font frissonner les femmes du peuple
Et vers le ciel de neige noire
Un mimosa allume mille étoiles
(Les Géorgiques Parisiennes p.14) IV/507
Fleurs-chats! Fleurs animales
Fleurs-chats! Fleurs animales
Nées d'un soubresaut : fleurs-express
Jaillies de la fenêtre ultra-monde
Eclipses d'un hiver Feux-follets des décombres
Pyrotechnies allumées dans le rêve
Viverrins de la rue du Chat-qui-pêche
Fleurs chinées Fleurs-pards
Servals des brousses de Paris
Fleurs ambulantes
sans tige ni racine
Vous chantez dans les bras d'enfants
Vous brûlez
orchidées tragiques
Dans les chevelures du peuple
Chats-harets plus inhumains que les totems
Chats-phares chats-pharaons
Régnant dans une horlogerie
sans bouleverser le temps
Et pourtant le triangle de vos têtes a moins de pitié
que celui du jaguar
Et les topazes de vos yeux où couve un feu central
Et vos masques de pensées sont plus dangereux
Pour la sûreté de l'Etat
Que les lanternes carnivores
sur la Place de Minuit
(Les Géorgiques Parisiennes p.15) IV/508
Chien de ma chair
CHIEN DE JOIE
Chien de ma chair
Chien à la gueule de roses noires
Et au pelage de fenouil
Prête à ma main ta fourrure
Ma flibuste de flammes
Chien ma seule chaleur parmi le froid des hommes
Mon buisson trépignant
La voix de mon dernier dieu sort de tes gorges
O voix du puits thermal
Que depuis Pythie je n'entendais plus
Que nulle grammaire nul Thucydide nul râle de tambour
Ne faisait frémir dans mon oreille
Enfin je redeviens le centre de quelque chose
Le centre de ton cercle de bienveillance
Pour me guérir des cercles de l'alcyon
Et de celui de l'Uranus autour de l'Obélisque
Mon chien de joie
Fleur de tonnerre
Fauve de la fraternité
(Les Géorgiques Parisiennes p.16) IV/508
N'avoir été qu'un thalle
HELANT LE SOIR
N'avoir été qu'un thalle
Au masque prévoyant de chlorophylle
Thalle porteur de fruit comme les marbres de pensée
Et de mon chant pulvérulent
Hélant le soir
Je bénirai les arbres qui vieillissent patiemment
Près des fontaines sensuelles
Je penserai à l'ulve laitue
La danseuse des mers qui porte œil rouge
Et de ses quatre fouets fera hennir les chevaux de Marly
Un jour de marée
Poussière consentante
Près des atomes pompéiens des Tuileries
J'aurai mon air couleur orange
Moi aussi
Vivant de Paris
(Les Géorgiques Parisiennes p.17) IV/509
Dans les léproseries des roseraies
NUIT DE LAVE
Dans les léproseries des roseraies
Revêtons la pourpre des fièvres
Tous promus à la gloire des douleurs
Ah dans la pourriture de roses
Laver la face de l'homme
Tout en sachant que l'asphodèle croîtra toujours
Au bord des sommeils
Sur une barque d'iode
Sous une lune de fer
Atteindre les banquises lucides
(Les Géorgiques Parisiennes p.18) IV/510
Une rose humaine
NAISSANCE
Une rose humaine
Encore frisée froissée du sommeil originel
Et déjà préparant l'arène pour le grand crime de vivre
Une rose humaine
Un œil de larmes qui s'ouvre sur le monde
De pétale en pétale s'enivrant du jeu mortel
D'oreille en oreille de rose
Se chuchotant la présence d'abeilles
Voici la mandibule au centre de la panoplie
Et le miel appelant son colibri
Rose ou chardon fait de visages qui se fripent ?
Ou vagin râpé par les orages
Rose à pistils
La bouche pleine d'un rire carié
(Les Géorgiques Parisiennes p.19) IV/510
L'épinoche dans son eau crédule
ARCHITECTE MARIN
L'épinoche dans son eau crédule
Qui descend jusqu'à Notre-Dame
L'épinoche se construit un nid d'algues
Dans l'eau courante de notre cœur
Avec l'aiguille verte de son corps
Il coud les murs de sa maison
Et devient bleu et or et rouge de bonheur
Dévorant des viandes nocturnes
(Les Géorgiques Parisiennes p.20) IV/511
Paris sous sa pluie fine
L'OISEAU FLEURIT
Paris sous sa pluie fine sous ses surplis de bruines
Comme une pièce montée
A la devanture du siècle
Le sculpteur qui tailla le chêne dans la pierre
Toute une panoplie de fleurs
Aux armes de la liberté
L'oiseau Roc chante en son nid de Saint-Roch
A l'intérieur de cet oiseau
Monte le grain de l'orage
Et quelqu'un portera avant la fin de cet été
Les dahlias de la révolte
(Les Géorgiques Parisiennes p.21) IV/511
Mais qui de nous échappera au châtiment
LES HALLES
Mais qui de nous échappera au châtiment de ce vieillard
Qui ramasse les têtes de dorades
Comme de gros cailloux de jade
Ce sont hélas cailloux légers de calcium et d'effroi
Où la vision de l'œil accusateur
S'est arrêtée sur toi témoin d'infortune
Avertissant l'œil frère
Mangeras-tu la chair de nacre
Et joueras-tu avec la bille d'ivoire
Clandestinement contre tous les regards du ciel
Et qui de nous évitera d'être ce géant
Qui ploie sous les paniers de fraises et de frayeur
Déjà la cervelle trouée
Par les mille fléchettes d'or
Dans la géométrie des fanes
Calculerai-je la gravité du liseron
Au rendement des cornes d'abondance ?
Braconnier des cressonnières
Je suis ce musicien couvert de grelots d'escargots
Dans les marais d'épiphanies de carnaval
Les lampes de magie brûlaient
J'en reviens la cornée flambée à l'alcool des colchiques
(Les Géorgiques Parisiennes p.22) IV/512
Le coq Variantes
Le coq de feu le premier coq
Dénonçant le sommeil de mort
Arrache à la lune son masque
Un petit coq de Paris Un petit coq de la montagne
Recélé dans l'ouate d'une cour Criant d'amour saignant d'amour
Il a des armes pour aimer
Plumage métallique épées
Sabres grenats
Il a des fleurs
Et des chansons pour la victoire
Il savait avant Héraclite
L'esprit du feu et la colère
Du soleil que nous ignorons
Son œil plus rouge que Saturne
Tourne plus vite que nos coeurs
O coq de flamme ! O feu de coq O coq de feu ! O feu de coq !
Brûle nos rêves arbitraires
Dans les cendres du souvenir
Premier tu gobes le soleil
Et par le travail de la poule
Nous le rends dans un billion d'œufs.
(Les Géorgiques Parisiennes p.23) IV/513
A la Tour Eiffel
A la Tour Eiffel
Flûte d'airain
Dont joue un ange joufflu
Assis sur les marches du crépuscule
Ton chant attire les oiseaux
De derrière le ciel
Te prennent-ils pour le peuplier suprême
Qui sera l'abri de la peur ?
Dompteur de la foudre
Tu apprivoises les serpents roux
Qui s'enroulent autour de ton corps
Tandis que le soleil et la lune
Tes satellites
Tournent sans t'approcher
Dans un amour inépuisable .
(Les Géorgiques Parisiennes p.24) IV/514
GEORGIQUE NATIONALE
Les Vierges de Clichy drapées dans des chansons portent des gerbes de lilas
En descendant vers Paris qui bivouaque
A la Concorde dans les marais de la pluie
Mais il ne leur faut qu'un brin d'armoise
Pour diadème et dans l'herbier sauvage
L'amoureux reconnaît leur fin pouvoir
Un lâcher de corbeaux s'échappe des cloches
Dans toutes directions et déchausse déjà les pierres
Pour la future insurrection
Puis nous n'attendrons plus quelque juillet caduc
Pour enraciner dans le ciel les arbres du déluge
Dans les charniers de Saint-Paul
Le lancement de coeurs corrosifs
Dans la nuit clandestine
Les Géorgiques nationales sont imprimées
Sur les matrices de la Seine en feu
(Les Géorgiques Parisiennes p.25)
à rapprocher de
Les Bucoliques de Paris inédit de Saint-Dié IV/514
Les Vierges de Marly pour s'exercer à être mères portent des gerbes de lilas
En descendant vers Paris qui bivouaque
Sur pilotis de la Concorde dans les marais de la pluie
Mais il ne leur faut qu'un brin de cerfeuil
Pour diadème et dans l'herbier sauvage
L'amoureux reconnaît leur fin pouvoir
Un lâcher de corbeaux mauves s'échappe des cloches
Dans toutes directions et déchausse déjà les pierres
Pour la future insurrection
Puis nous n'attendrons plus quelque juillet caduc
Pour enraciner dans le ciel les arbres du déluge
Dans les charniers de Saint-Paul
Le lancement de coeurs corrosifs
Le peuple réclame les bijoux de l'héritage
Il porte ses malades sur les ponts où les décorera
La Rose d'honneur
Dans la nuit clandestine
Les Géorgiques nationales sont imprimées
Sur les matrices de la Seine en feu
grosses variantes dans cet inédit de Saint-Dié IV/514
à rapprocher de GEORGIQUE NATIONALE (Les Géorgiques Parisiennes p.25)
Le pêcheur de la Seine
Je ne pêche pas la carpe
Mais la vague aux hanches souples
Qui enfante l'univers
La tanche migratrice
Verse ses oeufs dans l'arc-en-ciel
La flèche du pluvier
Traverse le rocher de Notre-Dame
Pour atteindre l'Ouest
Et je n'ai pas changé depuis le temps du renne
Ma barbe d'algue flotte aux branches du saule
Mon crâne est plus poli que les cailloux volants
Entre les règnes absolus
Ma brume
Dure
Au fil de l'eau
Coupé en deux et double
La tête en bas et les pieds foulant les nuages
Péchais-je le brochet ou l'hirondelle ?
Oh je ne pêche que mon coeur
Tombé aux charmantes ténèbres
Au service des désirs
Et des réverbérations
L'ami des poissons-plumes
De temps en temps je tue la mouche bleue
Et je demande à l'herbe occulte
Le pur pardon
Les Géorgiques Parisiennes , Pierre Seghers 1951, p.26 IV 515/516
Que discutent là-bas les voix des lavandières
Quai aux rêves
Que discutent là-bas les voix des lavandières
Dont les seins-nénuphars
Bombent l'organdi des vagues
Dans le lit défait du fleuve ?
Les péniches passent lentement sur leur image
Portant le charbon la farine
Le blanc le noir le pour le contre
Vers le néant de l'univers
La blonde marinière chante
En préparant sa matelote :
« Passe la goélette au goélands
La balançoire entre hier et demain
Entre les rives irréelles
Vers l'outre-mer »
Derrière-moi s'écoule le quai de l'horloge
S'écroulent tous les palais de justice
Aux corbeilles fleuries
S'allument les chardons de sang
Et face à l'univers je tourne le dos à Paris
Mon visage chavire
Tandis que mon ombre embrasse le mythe
En poupe d'un chaland belge la sirène chante :
« A la dérive
Entre le désir et l'oubli
Mon cœur descend
Le fleuve incandescend »
Mais le vieux fleuve ventriloque
Qui connaît les cercles de l'eau comme les cercles des hérons
Et dont la rive gauche
Ignore encore ce que fait la droite
Me demande de sa voix fauve :
« Pêcheur : Que pêches-tu sans hameçon à ta ligne ?»
Ce que je pêche c'est mon ombre
L'hirondelle des eaux l'anguille des étoiles
Ecorché vif le fer dans l'âme
Je chante je pêche.
(Les Géorgiques Parisiennes p.27/28) IV/516-517
O rue de Joie !
Vénus fluviale
O rue de Joie ! Rivière de hanches et de vagues
Emporte, emporte-moi vers le vieux souvenir
Qui a sa source dans les montagnes
O vague toujours là et toujours en allée
Présence menaçante
Du Nocher des enfers
O vague multi-tête ! Saisirai-je ta toison
Comme Persée dans un miroir
Que tes anguilles ne peuvent mordre ?
Je sais que tu n'es pas et tes mille yeux m'aguichent
Amandes d'eau au parfum de pistache
Yoles cers l'infini
Femme que j'adorais : je m'en souviens
Dans le lit de l'Euphrate et du Mississippi
Partout partout où l'homme est sans berceau
Dans les osiers de tes cheveux
Ma jeune mère tricotait comme toi sur le quai des oublis
Maille après maille perdant combien
Et reprenant tout le chandail d'une vie
Emporte-moi ! Emporte-moi ! Vague héraldique
Du fleuve qui s'en va malgré lui
O vague innocente et combien pernicieuse
Ma sœur aux yeux de vitre
Qui prends de tous les feux et ne brûles jamais
Femme-vague entrevue
Dans les porte-tambours qui tournent sans retour
Oui ma mère était comme toi
Tricotant le filet de tous les jours
Jusqu'au soir unique de la mort
Où toutes les mailles s'en vont
Sous un seul mot d'ordre du nord
(Les Géorgiques Parisiennes p.29) IV/517
Chanson de la Galère Paris
Vogue galère
Sur le Parvis
De Notre-Dame
De Paris
Bateau de France
Courrier d'oubli
Toujours en partance
Jamais parti
Ton capitaine
Ganté de noir
Descend la Seine
Vers le grand soir
Les deux couleurs
Au pavillon
Le bleu Voltaire
Le rouge Villon
Haut dans les voiles
Perchent des nids
Mais dans les cales
Nos lourds soucis
Descends pour voir
Toute la ville
Le long des rives
Partir l'espoir
Derrière les rives
Les tours penchées
Les tours pensives
Tout ébréchées
Sur les collines
Les panthéons
Portant des signes
Peints au néon
Que viennent faire
Ces passagers
Sur la galère
Des naufragés ?
Ces rois de Pique
Ces dames de Cœur
Ces ébénistes
Ces ramoneurs
Noces massacrées
Couronnements
Amours sacrés
Fusillements
Mais la sirène
Assise en proue
Lave à la Seine
Ses cheveux roux
Descends la Seine
Le long des quais
Le long des frênes
Des ponts arqués
Descends Galère
Via Rouen
Vers l'estuaire
Vers le néant
(Les Géorgiques Parisiennes p.31 à 33 ) IV/64