J'ai vu tes chairs diluées au radium
J'ai vu tes chairs diluées au radium
Monde inconnu : chairs que j'appelais miennes !
J'ai vu les algues ultraviolettes
Où traînait mon amour
Ton cœur pointu wrack d'un bateau sombré
Gisait au fond de mes rêves
Parmi les coraux oxydés
Plein d'un silence impénétrable
Sur quels secrets ?
Alors, moi, lourd scaphandrier
J'ai voulu y descendre, y chercher l'or perdu
Et l'on ne m'a jamais vu revenir
(Poèmes d'Amour, Budry 1925 p.20)
importants changements dans cette version
(Poèmes d'Amour, Budry 1930 p.30)
J'ai vu tes chairs diluées au radium
Monde inconnu : Mer que j'appelais mienne !
J'ai vu les forêts de varech
Où gisait mon destin,
Les pieuvres roses du désir
Et les lunes brisées de bien des nuits !
J'ai vu ton cœur, ce fier navire,
Qui transportait les cargaisons d'amour,
Sombré dans un buisson de rêve
Parmi les momies de corail.
Alors, moi, lourd scaphandrier
J'ai voulu y plonger, sauver l'amour perdu :
Mais l'on ne m'a jamais vu remonter.