Je n'ai jamais peine sur un champ de luzerne
Je n'ai jamais peiné sur un champ de luzerne
Je n'ai jamais construit des colonnes de chiffres
Ni rempli des Grands Livres de noms et de prénoms
Je n'ai vendu ou acheté
Ni tabac, ni diamants, ni le plaisir des hommes,
Je n'ai jamais rien fait
Rien
Que veiller chaque nuit à ma fenêtre froide
Pour ramasser les étoiles filantes
( Comme on glane les épis perdus )
Et en faire un bouquet pour celle que j'aimais !
J'enregistrais les histoires du vent
Pour les lui répéter à son réveil .
Puis j'ai rêvé, beaucoup rêvé
D'une vie d'arbre qui ne bouge pas,
Laissant venir à lui les midis et les soirs,
Fier au-dessus des routes de la vie,
Sans jamais rien demander aux passants,
Mais offrant à chacun son ombre et sa sagesse !
Conspuez-moi , contemporains habiles :
Je suis un paresseux, je ne travaille pas,
J'aime et je chante !
(Poèmes d'Amour 1930 p.50
(L'Antirose: p.29)