Jean sans Terre à la Bowery
Jean Jean sans Terre à la Bowery
La barque de Charon atterrit au marché de Fulton
Pleine d'échines d'hommes et de têtes de poissons
Pour fertiliser quelques cimetières affamés
Les hommes se sont déguisés en scaphandriers
Un pour la lutte au tréfonds des brouillards
Leurs yeux électriques crachent le sang et l'encre
Des tonnes de citrons dévalent des wagons Lackawanna
Les amandiers descendent l'autostrade Ihpetonga
En plein Union Square éclate une léproserie
Dans les petits hôtels de Bowery fermente la folie
Les yeux verts de leurs fenêtres
Reflètent les incendies immémoriaux
Ulysses de Seyros ! Bergers de Tyr ! Marchands de Gomorrhe !
Réduis à rien dans vos niches de chiens
Ornées de crachoirs, tapissées de soupirs
Écoute les sanglots de la nuit ventriloque
Les dormeurs de la morgue ne sont pas tranquilles
Quel crime rougira les mains de l'aube ?
JST Seghers 1957 p.175