Jean sans Terre chante la ballade de toutes les mères
Jean sans Terre chante la ballade de toutes les mères
À chaque fenêtre du monde
Derrière un volet noir
Une mère en fichu sombre
Parle à l'ange du soir
Parle à l'ange du soir
Du fils parti en guerre
Une prière chante
Sur la harpe de son coeur
Sur la harpe de son coeur
Chaque mère accompagne
La voix d'un écolier
Et tant de souvenirs
Et tant de souvenirs
Au-dessus du lit vide
La même photographie
De Paris à Floride
De Kladno à Quimper
Il lançait la balle
Plus loin que tous les garçons
De Pittsburg à Anvers
De Belgrade à Tiflis
Il lance loin la bombe
Que de feux d'artifices !
Adieu les jolies filles !
Adieu les jolies filles !
Dans les rues d’Ischia
Dans les rues d'Odessa
Y a plus que des croix !
Y a plus que des croix !
A toutes les fenêtres
Où veillent dans le soit
Tant de petites mères
Tant de petites mères
Bercent leur fils sur mer
Les mères sans sommeil
Gardent leur fils sous terre
Gardent leur fils sous terre
Ecoutant dans la nuit
Les trains proscrits qui partent
Sans jamais revenir
Sans jamais revenir ?
Quelqu’un pourtant m’a dit :
La guerre va périr !
Tu la vaincras mon fils !
Tu la vaincras mon fils !
Mon héros mon amant
Mon chou mon ange chéri
Mon tout-petit mon grand
Mon grand mon tout-petit
Ne me serre pas si fort
Le pommier a fleuri
Mon cœur est plein de mort !
JST Seghers 1957 p.168/170