Jean sans Terre. le fils prodigue Première version
Jean sans Terre. le fils prodigue
Première version
Jean quitte la cité des Tantalides
Les fontaines jetant le mauvais sort
Son cœur est lourd mais sa valise est vide
Les douaniers fouillent en vain ses yeux d’or
Il a laissé sa mère seule à la cuisine
Sa bien-aimée noyée en son miroir
Le jardin trahira toujours ses capucines
Et le rêve se pend à l’aube dans l’armoire
Qui cherche-t-il ? Le forgeron d’aurore ?
Le vitrier qui répare l’antan ?
Le maréchal-ferrant du plésiosaure ?
Ou l’horloger qui fait pourrir le temps ?
Il mangea le pain blanc avant le noir
Les œufs du phénix et la queue du brochet
Sa main gauche refuse de laver la droite
Sa petite fleur bleue pousse au pied des gibets
Il débarque à l’hôtel avec des cheveux blancs
Il y rencontre enfin la reine du mystère
Et l’assassine sans devenir son amant
Dans sa fuite il oublie son passé au vestiaire
Un soir au bar il revoit l’aubépine
Qui n’a brûlé pour lui que dans un seul jardin
Il prend l’express : à l’aube il rentre à la cuisine
Feue sa mère lui tend un sourire divin
Seghers 1956 Poètes d’Aujourd’hui page 125
JST Seghers 1957 p.107/108 Jean sans Terre. le fils prodigue