La Ballerine de la peur
La Ballerine de la peur
La peur de tes mains est légère comme la fumée sur les champs
Tu es détenue dans la tour d'épines
Tu flottes à travers les murs et pourtant tu ne me parviens plus
La peur de ta chevelure est jaune comme la lueur des cierges mourants
La peur de ta voix est impénétrable comme le brouillard
Tu te jettes sur ma poitrine et pourtant je ne te sens pas
Tu es une ballerine de la peur travestie en colchique
Dans le cercle des guerriers rouges la musique d'os t'exalte
Mais jamais plus tu ne rompras le cercle et jamais plus tu ne flotteras vers moi
Qu'est-ce qui chuchote dans ta tête ? Qui nommes-tu ton assaillant ?
Jamais le vert rougeâtre de tes yeux ne couvait si trompeur
Que dans le dialogue avec l'ennemi aux armes étincelantes
La peur est la flamboyante robe de laine bleue que je t'ai offerte
Elle t'enserre et ne te permets pas de venir jusqu'à moi
Tu brûles dans sa trame et ton appel est un oiseau plaintif
L'Herbe du Songe (1971)
Traductions françaises de Claire Goll et Claude Vigée