La mort centuple du poète
La mort centuple du poète
J'appelai mien un jardin que jamais ne possédai
Alentour menaçaient les grilles d'épines rouillées
Et pourtant toute les terres de roses j'ai plantées
Une pelouse verte jamais ne me fut donnée
Mon seul agneau fut né de nuages immaculés
Et pourtant j'étais le maître d'innombrables troupeaux
Quoique les Alpes se soient effritées
Jamais ne se trouva une pierre pour la maison du chercheur
Et seules des ruines purent être sa demeure
Nous fûmes rarement rassasiés, mon Aimée
La musique de l'écume fut souvent notre repas
Et les fleurs qui nous enseignaient leur secret
O parterre, animal, pain et maisonnette
Vous n'êtes que la mort centuple du poète !
1967 Bouquet de rêves pour Neila pages 23/24
Neila . Traduction de Claire Goll des 51 poèmes d'Abendgesang
Editions Caractères, Paris 1971