L’Hymne au soleil de Jean sans Terre
L’Hymne au soleil de Jean sans Terre
Ombres de la mort
Couvraient mon sommeil
Quand ton extase d'or
Frappait mon réveil
Quand ton oeil frappait
Le mur des laraires
Oeil dont je connais
L'extase tertiaire
Monte oeuf des genèses
Du cailloutis fertile
Que ton jaune dense
Fasse craquer ta coquille
Tombe comme une bombe
Chargée de magie
Dans la catacombe
De ma léthargie
Tonne, ô timbale
Contre mon tympan
Fais de moi Dédale
En me soulevant
Verse du radium
Dans mes noires ivraies
Et de ton hélium
Guéris vite mes plaies
Je le sens ton ambre
L’huile de ton amour
Adoucir mes membres
Taire mon enfer sourd
Tout est divins mets
Philtre enivrant
La baie au bout du jet
Le fruit de l’arbre patient
Que je les dévore
Tends vers moi l’exquise
Groseille aux météores
Et les sphères des cerises
C’est pour ma libation
Que la grenade sort
La pomme et le melon
Et le muscat d’or
Dix mille soleillons
Les ont rendus mûrs
Pour me rendre bon
De leurs doux vins purs
Je reçois ta substance
Et m’ouvre à mon tour
A ton abondance
Astre du grand amour !
Seghers 1957 p.137/138