Lilith au cœur de métal mûr
Lilith au cœur de métal mûr où dort l'atome
Lilith au tremblement de feuille
J'attends que les sabots de ta monture
Fassent vieillir l'oeillet sauvage
Dans le ravin
Que le silex en ton front inusable
Dessine mon triangle
Que le panier plein d'yeux de tes victimes
Me nourrisse jusqu'à l'aurore
J'ai bu l'esprit du blé pour te connaître
J'ai soupesé la pierre occulte où tu habites
Par tous les vents qui chantent dans ta tête
Par les soleils semés dans tes rousseurs
Par ton sang purificateur
Annule le forfait des siècles
Tu es présente et constamment mortelle
Dans ta chair d'asphodèle
Dans tes jaspes
Dans tes seins perce-neige
Dans tes os de statue
Je te cherche
Je t'annonce
Les années de lumière
Qui gisent au fond de tes yeux
Sont ta garde d'honneur
Oh toi qui couchais dans les tombes
De tes amants plus nombreux que tes nuits
Serai-je seul à coucher dans la tienne ?
(Masques de cendres 1949)