Rosa Luxembourg
Rosa Luxembourg
Il fallait que ce fût sa plus belle Amante
Que ce fût son étoile la plus bleue
Depuis cinq ans, le Peuple l'attendait.
Un jour : Elle vint, parée d'or et de jais
Une voyante qui sort du trou des Bibles et des Ghettos :
C'était la Fiancée du Pauvre et des Humbles !
Des loups léchaient le sang de ses pas,
Elle n'avait rien sur les épaules, Rien sur sa main que son Cœur qui tremblait :
Etoile.
Alors le Peuple n'y tint plus,
Devant celle qui venait à lui depuis des siècles.
Les aveugles ne pouvaient soutenir son regard,
Et les sourds avaient peur de sa voix !
Tous ils se ruèrent sur leur Reine .
Pour la tuer,
Pour s'immoler en elle .
Yvan Goll : Rosa Luxembourg, Clarté n° 9 - 24 janvier 1920. Bulletin Français de l'Internationale de la Pensée . Bi-hebdomadaire. Directeur Henri Barbusse. Sommaire : page 1, traduction d'Ivan Goll