Vénus des Ténèbres
Vénus des ténèbres
Passager du Néant : je suis la porte sur l'abîme
Le pont sur la nuit que tu cherches partout
A l'appel des sources démentes
Derrière la panique des tourniquets
Et les saisons de mes yeux tournoyants
Ecoute le soupir suprême
Je suis ta tour mystérieuse
Ta Tour Penchée habillée de frissons
D'où sans danger tu sautes dans le gouffre
Monte à ma tour pour te croire plus grand
Ecoute : elle parle la langue des ouragans en déroute
Monte à mon Epaule Nord où gîte l'archange déchu
Je sais ce que tu veux Médée ou Alcyone
Entrouvre le rideau du crime
Deviens complice de la mort d'un dieu
Je suis la Clairvoyante
L'écriture dans mes paumes t'enseigne la magie
Veux-tu gagner enfin le chiffre de l'oubli ?
Pour toi je me ferai papillon
Tes initiales s'enchevêtrent déjà
Dans la dorure de mes ailes
Pour moi tu voles le cœur de ta mère
Les housses de ses rêves
Et le coton de son suaire
Déjà tu as brûlé la maison de verre
Le fauteuil provisoire où ton père fumait
En attendant la mort
O fils qui a perdu sa mort
Reviens au monde en moi
Je suis ta mer étale et ton ressac
Je suis le départ de toi-même
Ton mouvement perpétuel
Ta cage où toujours rugira ta liberté
(Les Cercles Magiques Editions Falaize, Paris 1951p. 54/55